Artiste protéiforme internationalement reconnue, elle publie chez Gallimard son autobiographie « ORLAN strip-tease : tout sur ma vie, tout sur mon art ». Rencontre à la terrasse des Deux Magots.

Sculpture, photographie, performance, vidéo, et même robotique : difficile de résumer une artiste aussi complète, libre et provocatrice. Alors, ORLAN a écrit son autobiographie, ORLAN Strip-tease : tout sur ma vie, tout sur mon art (Gallimard) où, en 352 pages, elle brosse une rétrospective de son œuvre et de son parcours, mettant en lumière la difficulté d’être une femme-artiste dans un monde dominé par les hommes. Féministe, elle questionne le statut du corps des femmes dans la société à travers les pressions culturelles, traditionnelles, politiques et religieuses. Ses œuvres sont aujourd’hui dans de nombreux musées et son art est enseigné au collège, au lycée et à l’université. ORLAN, devenue une institution ? « C’est ma revanche » dit-elle. « Je suis un miracle, car j’y suis parvenue sans aucun compromis et j’ai été au centre de nombreuses controverses » dit-elle. Évocation de 3 moments artistiques forts avec une pionnière, pour qui le combat féministe continue. 


Le baiser de l’artiste (Fiac, 1977)Le baiser de l’artiste (Fiac, 1977)

« Dans cette sculpture, je suis la madone pour qui on allume un cierge à 5 francs ou Madeleine qui distribue automatiquement pour le même prix des baisers, deux rôles que j’ai toujours refusés. J’ai été censurée, renvoyée de l’école où j’enseignais, mais à la fin, la Fiac a demandé pour son anniversaire cette pièce qui a marqué son histoire. »

 

 

 

 


L’origine de la Guerre (1989)L’origine de la Guerre (1989)

« L’origine du monde de Gustave Courbet est le tableau le plus horrible jamais peint ! Une femme à qui on a coupé la tête, les bras et les jambes et dont il ne reste que le sexe et le ventre, réduite ainsi à sa fonction reproductrice. J’ai réalisé le pendant masculin. » 

 

 


Les opérations esthétiques-performances (1990-1993)

« Mon but était de montrer que la beauté est une question d’idéologie dominante ici et maintenant. Tant que les femmes essaieront de se conformer aux stéréotypes qu’on leur demande, elles seront foutues ! Je ne suis pas contre la chirurgie esthétique. On peut se réinventer, faire son propre auto-portrait. J’ai des implants de pommettes posés sur mes tempes. On pourrait considérer que je suis un monstre, mais ils sont aussi devenus des organes de séduction ! »


Le futur ?

« Je veux réhabiliter le slow et le contact sensuel. Plus aucun jeune ne danse le slow. Ils dansent à distance ! Alors j’écris un album entièrement dédié aux slows avec différents musiciens (La Femme, Terrenoire, Les Tétines Noires…) et dans mes événements, je propose désormais de danser le slow avec moi ! »


Longue vie à Saint-Germain-des-Prés

« C’est la première chose que j’ai voulu voir en arrivant à Paris. J’étais émerveillée, je retrouvais mes héroïnes comme Juliette Greco. J’ai tout fait, dont bien sûr Les Deux Magots, le café littéraire par excellence et je suis heureuse que cette maison continue de faire émerger l’art et la littérature. Nous avons besoin de points de repères où l’on peut se retrouver et parler de choses moins superficielles. Il faut se battre pour la culture et les livres. Nietzsche disait : “Nous avons l’art afin de ne pas mourir de la vérité” ! »

ORLAN strip-tease : tout sur ma vie, tout sur mon art,
Gallimard, 352 pages, 29 €
www.orlan.eu