Eugène Galien-Laloue (1854–1941) : A bustling street at l’église de St-Germain-des-Prés, Paris, 1941. Crayon et gouache sur papier.

 

Célébrée par les artistes, plébiscitée par les touristes, l’église de Saint-Germain-des-Prés, malgré sa notoriété internationale, cache encore bien des secrets.

 

Le cadavre sans tête

La chapelle est obscure, la plaque discrète, le texte en latin… et pourtant c’est là que se trouve la dépouille d’un des philosophes les plus universels, René Descartes. Mais le fondateur de la fameuse méthode repose-t-il vraiment à Saint-Germain ? Une partie de son squelette, sans doute, et sûrement en vrac. Quant à son crâne… après des années d’errance, c’est au musée de l’Homme que vous le trouverez.

Feu d’artifice

Immense, vide, l’abbaye de Saint-Germain, pendant la Révolution, ressemble à un sépulcre abandonné. Jamais à court d’idées, les autorités politiques décident de la convertir en usine à poudre à canon. En quelques semaines, des tonnes de salpêtre s’y accumulent jusqu’au 20 août 1794, où un ouvrier allume sa pipe, transformant une bonne partie de l’abbaye en spectacle son et lumière.

Déjà du people

Stéphane Bern ne s’y est pas encore rendu en pèlerinage, mais le square qui borde l’église de Saint-Germain est la première nécropole des rois de France, bien avant la basilique Saint-Denis ! Ici, pas de Philippe le Bel ou Louis XIV, mais Childéric ou Clotaire. Et oui, dès le VIe siècle, on se plaît tant Rive Gauche que l’on y habite… pour l’éternité.

Anachronisme

Fraîchement restaurée, la nef de l’église attire en masse les touristes qui s’émerveillent devant ce décor rutilant de couleurs, ce Moyen Âge enfin sorti de l’oubli ! Raté, les peintures qui ont retrouvé la lumière ne datent que des années 1850. Ce qui vient d’être restauré… c’est une restauration.

La fièvre de l’or

S’il n’y avait pas la station de métro qui porte son nom – un homonyme, pas de chance ! – personne ne se souviendrait d’Antoine-Joseph Pernety qui fit scandale à Saint-Germain au XVIIIe siècle. En effet, sous couvert de recherches érudites, il fonda un laboratoire d’alchimie au cœur de l’abbaye. Viré par les moines, il partit pour d’autres aventures, sans avoir eu le temps de découvrir le secret du plus précieux des métaux !

Des chevaux au pinceaux

Du temps de sa splendeur, l’abbaye de Saint-Germain occupait un vaste espace de jardins et de bâtiments en direction de la Seine. La Révolution étant passée par là, il ne reste que l’église et le palais abbatial. Tout le reste fut détruit ou converti, parfois de manière surprenante… Ainsi, le musée Delacroix, place Furstemberg, où le peintre romantique avait son atelier, se situe juste dans les écuries de l’abbaye.

Jean Acacio