1680 : Louis XIV installe les « Comédiens ordinaires du Roy » au cœur de Saint-Germain-des-Prés.

S’il est un quartier de Paris sans lequel l’histoire théâtrale ne serait pas la même, c’est bien le VIe arrondissement. La Comédie-Française y fut fondée en 1680, à l’Hôtel Guénégaud où officiait ce qu’il restait de la troupe de Molière après sa mort, survenue 7 ans plus tôt. Réuni à la troupe de l’Hôtel de Bourgogne, l’ensemble forme alors les « Comédiens ordinaires du Roy ». 

Expulsés de l’Hôtel Guénégaud par les clercs du Collège des Quatre-Nations qui jugent leur voisinage néfaste aux étudiants, ils s’installent en 1689 rue des Fossés-Saint-Germain, au n° 14 de l’actuelle rue de l’Ancienne-Comédie, face au Procope. C’est là que sont créées les premières tragédies de Voltaire et certaines comédies de Marivaux. En 1770, la salle étant devenue vétuste, ils la quittent pour s’installer aux Tuileries. 

Mais on ne s’éloigne pas si aisément de la Rive Gauche ! Aussi y reviennent-ils en avril 1782 pour intégrer une salle neuve, construite pour eux par le comte de Provence, frère du roi, sur les terrains de l’hôtel de Condé : le Théâtre Français, qui sera rebaptisé Théâtre de la Nation en juillet 1789, Théâtre de l’Égalité en 1794, puis Odéon sous le Directoire, en 1796. Les plans ont été établis par les architectes Marie-Joseph Peyre et Charles de Wailly. C’est là que Beaumarchais triompha avec La Folle Journée ou le Mariage de Figaro (1784). Mille péripéties ont ensuite secoué la destinée de la salle, qui a même brûlé en 1799.

Les Comédiens français, quant à eux, avaient déjà retraversé la Seine pour s’installer, avec Talma, rue de Richelieu, non sans garder des liens privilégiés avec la salle du Faubourg-Saint-Germain. Et comme l’histoire n’est qu’un éternel balbutiement, la Comédie-Française a retrouvé, au XXe siècle, un pied sur la Rive Gauche. Temporairement, lorsque l’Odéon lui fut concédé sous le nom de salle Luxembourg, de 1946 à 1959 et de 1971 à 1990 ; puis, depuis 1993, quand le Vieux-Colombier, rénové, salle mythique de Jacques Copeau, lui fut attribué comme seconde salle. L’estampille « Rive Gauche » est sauve !

Photo ci-dessus : La Comédie-Française par Antoine Meunier (vers 1790) – Bâtiment incendié et reconstruit au début du XXe siècle / Gallica
Paris_Comedie-Francaise

Intérieur de la Comédie-Française en 1790 par Antoine Meunier / Gallica