Voilà 170 ans que parut en feuilleton un roman qui allait devenir un des plus grand best-sellers de tous les temps, Les Trois Mousquetaires. Voyage sur les pas des héros de Dumas, au cœur du 6e arrondissement.

La légende veut que ce soit par ennui qu’Alexandre Dumas ouvrit, un jour, un livre poussiéreux, intitulé Mémoires de M. d’Artagnan. Aussitôt, l’écrivain se passionna pour la vie de ce Gascon hors-norme dont il jura de tirer une œuvre qui le ferait passer à la postérité. Pari tenu, car les Trois Mousquetaires, aujourd’hui en Pléiade, sont connus et admirés dans le monde entier. Le plus souvent d’ailleurs par voie de film, ce qui fait souvent oublier qu’une bonne partie de leurs aventures, dans le roman, se passe dans le quartier Saint-Sulpice. Ainsi leur principal et redouté adversaire, le cardinal de Richelieu, séjourne au palais du Petit Luxembourg, aujourd’hui résidence du président du Sénat, à quelques pas de la rue de Tournon où se trouve la caserne des mousquetaires sous l’autorité bienveillante de monsieur de Tréville. Caserne qui abrite aujourd’hui la garde républicaine. On le voit, malgré des siècles de distance, peu de choses ont changé… Bien entendu, pour raisons de service, les mousquetaires devaient loger à proximité de leur caserne. Ainsi on retrouve le subtil et lettré Aramis, rue de Vaugirard et le mystérieux Athos, rue Férou. Sans doute au n° 8, le bel hôtel particulier qui abrite aujourd’hui les éditions Belin. Quant à d’Artagnan, il réside avec son valet Planchet, rue des Fossoyeurs, devenue depuis rue Servandoni. À l’époque des mousquetaires, l’église Saint-Sulpice était entourée de cimetières… Seul Porthos semble échapper à l’attraction du quartier, mais il est vrai que le séducteur de la bande des quatre avait plutôt tendance à prendre quartier et pension chez ses conquêtes. Ce qui ne l’empêchait pas, lors des altercations entre mousquetaires et gardes du Cardinal, d’aller vider querelle dans les jardins du couvent des Carmes, transformé depuis en Institut catholique. On le voit, Dumas était un amateur éclairé du quartier qu’il arpentait régulièrement avec Balzac. À tel point d’ailleurs que, se mettant lui-même en scène dans un des ses récits les plus méconnus, Les Mille et un fantômes, il se présente fièrement ainsi : « Alexandre Dumas, auteur dramatique, demeurant rue de l’Université, n° 21 ». Tout est dit.

Jacques Ravenne