Le fauteuil maudit. À la fondation de l’Académie, en 1634, les membres sont fixés au nombre de quarante. Selon la légende, il est un fauteuil qui porterait malheur : le numéro 32. Après le décès de Maurice Rheims, qui en fut le titulaire, Robbe-Grillet, élu en 2004, refusera de l’occuper et Weyergans, élu en 2009, mettra deux ans à s’y installer.

 

Ô vieillesse ennemie. Ce n’est qu’à partir de 2010 que, pour rajeunir les effectifs et se débarrasser du surnom de « gagadémie », le règlement intérieur fixe un âge limite aux candidatures. Il stipule que personne de… « plus de 75 ans » ne pourra se présenter.

 

La clause de moralité existe. Pendant l’Occupation, quelques académiciens tombèrent au champ… du déshonneur. Après-guerre, Bonnard fut condamné à mort par contumace et Hermant à la prison. Ils furent remplacés de leur vivant. Les postes de Maurras et Pétain, eux, restèrent vacants jusqu’à leur mort.

 

La mixité est récente. Marie Curie tenta son entrée à l’Académie des sciences, sans succès en 1910. Quand Marguerite de Crayencour, diteYourcenar, pose sa candidature, l’anthropologue Claude Levi-Strauss s’insurge : « Nous sommes une tribu (…) menacée de disparaître en accueillant une femme parmi nous ». L’écrivaine est malgré tout élue le 22 janvier 1981.

 

Certains refusent d’y siéger. Entre autres, Patrick Modiano, sollicité, a refusé de faire partie des immortels. Il s’est consolé cette année avec le prix Nobel de littérature… Pas mal.

 

D’autres en rêvent… « Du moment qu’il y a une Académie française, je dois en faire partie », écrivit Émile Zola dans une lettre adressée au rédacteur en chef du Figaro. Mais l’auteur des Rougon-Macquart, candidat à 19 reprises, ne fut jamais élu. Plus récemment, Patrick Poivre d’Arvor fit une demande de candidature… sans succès.

 

Pour être élu, il faut manier l’art de la flatterie. « Je me souviens, a raconté Jean Dutourd, d’une personne venue me rendre visite qui n’a parlé que d’elle. Je me suis dit “toi mon garçon, je ne voterai jamais pour toi”. M’eût-il parlé de moi, cela m’aurait davantage intéressé. » François Weyergans, dit-on, aurait été l’un des plus lèche-bottes de l’institution.

 

Les inimitiés existent. Dans son discours d’investiture, Paul Valéry refusa de citer Anatole France auquel il succédait et dont il devait faire, comme de coutume, le panégyrique. Ce dernier avait refusé la publication de L’Après-midi d’un faune à son ami Mallarmé. Le poète usa donc de multiples détours pour ne pas le nommer. Et y réussit.

 

Les membres sont rémunérés. À hauteur de 3 810 € annuels. Une indemnité contrôlée en partie par des jetons de présence.

 

Le dictionnaire de l’Académie est très sélectif. 35 000 mots sont répertoriés par l’Académie contre 60 000 par Le Petit Robert. « Pin’s » par exemple, qui entra dans les années 80 dans Le Petit Robert, n’a jamais figuré dans le dictionnaire académique.