Observons là un phénomène naturel : quand les jours raccourcissent, les envies de cocooning s’allongent…

La chaude obscurité des salles de théâtre, les lumières de la scène, n’est-il pas un voyage magique pour se divertir, s’émouvoir ou s’évader ? Assurément oui ! La rédaction a déniché pour vous les théâtres les plus confidentiels aux plus intimistes…
Alors, installez-vous confortablement, the show must go on !

 

 

Aux sources de l’art est le sacré, et si la messe est un spectacle, où donc chercher l’obscurité nécessaire au théâtre ?

Dans la crypte de l’église Saint-Sulpice, accessible au 33 de la rue du même nom. La crypte Saint-Just, plus précisément du nom de l’évêque de Lyon au IVe siècle, accueille des pièces contemporaines, dont le thème a un lien avec la religion. Un contraste magique naît alors en ce lieu mystérieux. Ajoutons un petit frisson : un grillage protège un trou de la salle, où ont été déposés tous les ossements retrouvés dans les caveaux de l’église depuis 1837.

 

Ne quittons pas tout de suite cette ambiance moyen âgeuse.

Sorti de la crypte, prenez sur votre droite la direction du carrefour de l’Odéon par la rue des Quatre-Vents, puis traversez (prudemment !) le boulevard Saint-Germain et le petit carrefour de Buci pour atteindre la rue de Nesle, logée dans le flanc droit de la rue Mazarine. Tout près de là se dressait au Moyen Âge la Tour de Nesle – relisez Les Rois maudits ! Le Théâtre de Nesle propose, en plus de lieux d’exposition, deux salles. La pierre des voûtes offre un cadre pur, brut et médiéval à une programmation éclectique : de Shakespeare au loufoque contemporain – ainsi que de la chanson, de l’impro, et même un spectacle de mentaliste!

 

Après ces deux voyages dans le temps, voyagez dans l’espace, direction la Mitteleuropa !

Mais ce sera vers l’ouest et non vers l’est que vous devrez vous diriger, prenant l’agréable passage Dauphine, et continuant parallèlement à la Seine par les rues Jacques-Callot et Visconti, au 18 de la rue Bonaparte, un étendard bleu vous signalera le Centre Tchèque, qui présente régulièrement des pièces de théâtre exigeantes. Et comme ce centre accueillit en 1916 le gouvernement provisoire du premier président tchèque, c’est en ce moment une pièce d’un autre président, Vaclav Havel, qui se joue (en français !) jusqu’au 20 décembre. Et les prix sont vraiment démocratiques !

 

Et comme il se fait tard, que la nuit commence à tomber à la fin de notre promenade, rebroussez chemin, vers la rue Saint-André-des-Arts…

Destination ? Le théâtre érotique ChoChotte. À côté du (très bon) cinéma de la rue et d’un bouquinistetheatre chochotte, une devanture vitrée emprisonne un mannequin féminin à l’attitude suggestive. Une petite porte et un escalier vous mèneront dans l’univers feutré des boudoirs sadiens : velours et braise des canapés, orient vénitien ou bien égyptien. Y danseront, s’y effeuilleront de belles et sensuelles jeunes femmes, dans des numéros originaux et imaginatifs. Leurs sous-vêtements rappellent que ce lieu fut d’abord un magasin de lingerie. Mais attention : nous sommes ici dans le théâtre de la tradition libertine, l’obscurité ne permet pas la vulgarité!

 

Lionel Rondeau