La doudoune, moi jamais !

La doudoune, moi jamais !

Vous habitez le Sixième, cela suppose des obligations. Premier commandement: bannir la doudoune, ce sommet d’inélégance urbaine. Les hommes vous en remercieront. Et voilà pourquoi. 

L’hiver arrive et, bien sûr, comme chaque année, telle la tentation de Venise, vient la tentation de la doudoune. Moelleuse, capitonnée, protectrice à la façon d’une couette portative, il est hélas si simple de la considérer comme une solution appropriée aux froidures, que l’on pourrait croire son achat fondé. Halte, malheureuse ! Car si l’erreur est classique, elle n’en est pas moins une faute lourde que l’arrondissement ne saurait pardonner.
Vous avez choisi d’habiter Saint-Germain? Assumez. C’est précisément pour vous préserver de ce spectacle de décadence stylistique que vous résidez là.
Imagineriez-vous, en vrac, Catherine Deneuve, Fanny Ardant, Monica Bellucci en doudoune ? La redondance du mot elle-même, qui ramène la mémoire au doudou enfantin, n’est-elle pas une insulte à la plénitude de la féminité ?
Voulez-vous définitivement enterrer six mois de régime sans gluten, d’abonnement au club de sport, de palper-rouler en institut pour vous flinguer la silhouette en adoptant le profil Bibendum ? Alors même que dans cette période délicate de l’année, vous allez devoir hiberner avec un membre de la gent masculine sous la couette, à regarder des séries Netflix. Oui, est-il bien raisonnable, d’en rajouter une couche au sens propre, en offrant à votre amoureux le spectacle peu gracieux d’un explorateur polaire lorsque qu’il se promènera à vos côtés ? Attention danger, vous risqueriez la rupture.
A la vérité, la Germanopratine a un devoir de subtilité qu’il lui faut préserver. On lui pardonnera toujours de tricher avec un petit Damart ajusté ou de jouer avec une fine doudoune Uniqlo placée sous un manteau cintré pour une silhouette sablier. On se retournera sur son allure vêtue d’un trois-quart subtilement épaulé. On soupirera d’aise devant sa redingote stylée, on fantasmera sur son trench. Enfin, on aimera à deviner ses courbes sous un cuir ou sous un grand cachemire lascif ceinturé. Mais on s’interdira à jamais ce que le confort aurait pu bêtement dicter.
Car oui, au mur mental de nos pensées de modeuses invétérées, on écrira bien gros ce mantra implacable de la sexy attitude : « Do not doudoune ».

Anaïs ferrand